Le lieu n’a rien d’un coin sauvage loin de la civilisation. Il est le long d’une route assez fréquentée, à 200 mètres d’un village, avec des chemins et des champs cultivés un peu partout autour. Et pourtant. Dans ce petit bois de même pas 100 mètres sur 100, qui paraît encore plus rachitique à la fin de l’hiver, il y a de la vie sauvage. Cet endroit tout près de chez moi je le connais bien. Pour peu qu’on y prenne le temps, on peut apercevoir des chevreuils qui broutent à la lisière le soir venu. J’y ai souvent fait des affûts et des photos. Et c’est là-bas que j’ai commencé à m’amuser avec mon piège-photo il y quelques années.

Cette année, à la fin février, j’ai remarqué de l’activité aux terriers qui se trouvent à 30 mètres de la route (il y en a d’autres à l’autre bout, dans la dérupe, traditionnellement occupés par les blaireaux). L’endroit est parfait pour observer la vie au terrier le printemps venu : on peut se cacher, observer l’activité à la même hauteur que les animaux sans que la végétation n’encombre trop. Comme le bois n’est pas large, le soleil couchant diffuse en plus une magnifique lumière le soir venu. Malheureusement, l’an passé, ces terriers n’avaient pas été occupés.

Vu qu’il n’y a qu’une seule des trois gueules qui paraît utilisée et que le ménage n’est pas particulièrement tenu, je penche pour le renard. Surtout que la renarde a dû choisir le terrier où elle mettra bientôt bas, J’accroche donc le piège-photo à un chêne.

Trois jours plus tard (c’est un peu court, mais pour voir si le terrier est habité, ça suffit, et l’impatience me titille, surtout qu’à fin février, il n’y a pas beaucoup de possibilité de photos autour de chez moi), me voilà en train de regarder la quarantaine de courtes vidéos. C’est presque un documentaire animalier. Il y a principalement le blaireau, car c’est lui qui occupe le terrier. J’en vois trois sur une des vidéos. Mais ils ne sont pas seuls. Ainsi, la nuit du 24 février, c’est le défilé: blaireau, renard et une troupe de sangliers. Les chevreuils passent devant le piège-photo que le lendemain en journée.

A côté des humains et de leurs activités multiples et dérangeantes, la faune sauvage vit sa vie, surtout la nuit. Mais à ce point là, cela reste surprenant (et quelque part réjouissant). Les animaux n’ont de toute façon pas le choix de s’accommoder de l’humain, mais tant mieux s’ils y parviennent. Sans doute que l’absence de chasse favorise cette promiscuité.

01h09: la famille sanglier ouvre le bal
01h50: l’occupant du terrier s’active
05h52: le renard, qui doit avoir son terrier tout près, fait sa ronde
Le jour d’après, ce sont les chevreuils qui passent