Il fut un temps où le Rhône coulait libre. C’est d’ailleurs le titre d’un livre de Robert Hainard qui contient des gravures et dessins datant d’avant la construction du barrage de Verbois qui a provoqué de profonds changements sur le cours du fleuve et son écosystème.

100 ans après, les actions humaines sur le Rhône font encore parler d’elles, notamment à l’occasion des vidanges régulières qui assèchent le fleuve en amont du barrage. La question des variations de débit et de leur impact sur la flore et la faune reste entier. Il n’en demeure pas moins que le Rhône constitue une oasis de nature pour celui qui vit au sein d’une agglomération tentaculaire qui laisse peu de place à la nature. C’est le long de son cours que l’on recense la plupart des réserves naturelles situées au sud du canton de Genève, comme en France très voisine (Teppes de Verbois, Moulin de Vert ou l’Etournel).

Aller se promener un matin d’automne brumeux ou un soir d’été rougi par le soleil couchant est à chaque fois une merveilleuse expérience. On a beau entendre les avions qui survolent le fleuve sans interruption, on peut se croire ailleurs. À ces heures extrêmes, on croise peu d’humains mais souvent des animaux. Les oiseaux d’eau sont les plus nombreux, des plus grands comme le héron cendré, la grande aigrette ou le cygne tuberculeux aux plus petits comme le martin-pêcheur ou le cincle plongeur. Entre les deux, la grande famille des canards et consorts s’y plaît. Je n’ai pas vu encore de pygargue  à queue blanche, mais l’important est d’y croire quand on scrute le ciel.

Parmi les mammifères, le castor et sans doute l’espèce emblématique. Il paraît que la loutre serait présente, comme à l’époque de Robert Hainard.