Début août, le soleil décline, prêt à passer derrière le Jura. La lumière est magnifique lors de cette splendide fin de journée estivale. C’est l’heure dorée, c’est-à-dire le moment qui précède le coucher du soleil. Je suis caché dans un champ de tournesol, confortablement installé. 

Il y a deux ans, j’ai pu voir ici à plusieurs reprises des blaireaux qui quittaient le bosquet où se trouve leur terrier pour entamer leur virée nocturne. Un soir de début août, ce fut le festival comme il en arrive rarement. En une demi-heure, au moment du coucher du soleil, j’ai eu droit à la la visite d’un chevreuil, puis d’un renard et enfin celle d’un lièvre. Comble du bonheur, ils ont passé à quelques mètres de moi sans remarque ma présence, ce qui a permis de préserver la douce ambiance de la soirée. Un moment de grâce unique. Les blaireaux traverseront le champ plus tard, quand l’obscurité sera trop avancée pour la photographie.

Un brocard vaguement étonné par une drôle de forme tout près de lui

Le défaut de cet endroit que le chemin est trop proche et ce soir il est fréquenté par une promeneuse de chien qui a la mauvaise idée de faire l’aller-retour, puis par un cycliste. Les chances de voir les blaireaux s’amenuisent. C’est dommage, car je suis idéalement placé par rapport au bosquet où se trouve le terrier, d’un point de vue panorama, sens du vent et lumière. Le champ fraîchement moissonné est blond vénitien en raison du soleil couchant. Je prie pour une apparition (l’affût n’est-il pas une expérience spirituelle ?). Tout à coup, je discerne une forme brune à travers les tournesols où je me cache. C’est une chevrette qui sort du bosquet pour venir croquer quelques délicieuses herbes.

Un joggeur déboule et le chevreuil regagne le bosquet. Aucune autre bête ne viendra ce soir-là. Mais ces quelques minutes avec le chevreuil resplendissant à l’heure dorée ont suffi à mon bonheur.

Une chevrette sortie du sous-bois durant l’heure dorée