La Champagne genevoise est-elle si magnifique que cela ? On sort avec son appareil et on revient avec des photos de chevreuils gambadant dans les champs avec un arrière-plan on ne peut plus naturel. Ou c’est le lièvre qui danse avec le Jura comme décor. L’animal resplendit dans son écrin de nature et la photo semble parfaite. C’est parfois comme ceci que cela se passe. Mais quand les photos englobent un arrière-plan assez large, les choses se compliquent souvent quand on se trouve dans une région très marquée par l’activité humaine. Une voiture rouge, un poteau électrique, une maison ou carrément un avion peuvent venir gâcher la fête au final. Même si ces éléments n’apparaissent que de manière secondaire (le plus souvent le photographe ne les voit pas au moment de prendre la photo), ils sont bien présents et détournent souvent l’œil du spectateur du sujet principal.
Heureusement, les logiciels modernes sont extraordinaires. Ils permettent de supprimer élégamment des éléments disgracieux d’une photo en deux coups de souris. La scène ainsi retouchée est d’autant plus esthétique et tout le monde est content, du photographe au spectateur. Certes. Mais retoucher une photo, c’est ouvrir la porte à toutes sortes de manipulations. Où faut-il s’arrêter ? On peut désormais très bien faire des magnifiques photos d’animaux sans sortir de chez soi. Merci l’intelligence artificielle !
Comment faut-il utiliser la retouche ? Il n’y a pas réponse péremptoire à cette question. Le photographe animalier doit faire beaucoup d’effort pour arriver à sortir de jolis clichés. Si une subtile manœuvre lui permet d’améliorer facilement le résultat, difficile de le blâmer.
Voici deux exemples de deux choix différents. Tout cela est complètement subjectif.


Le lièvre reste sur la crête un bref instant. Le temps pour moi de prendre quelques clichés. Comme il est en mouvement, ses attitudes varient. Sur une photo, on dirait qu’il danse. Je la choisis. Mais diable, quelle est cette tâche orange au-dessus du bossu ? L’aéroport n’est pas très loin et l’horizon est traversé par la trajectoire d’atterrissage. On pourrait croire que le lièvre regarde l’avion, mais je préfère retirer cet élément qui prend trop de place. Si Easyjet est prêt à me verser une somme conséquente, je veux bien changer d’avis…

Photos d’ambiance au petit matin avec un chevreuil en silhouette. La silhouette du trax ressort tout autant que celle de l’animal. Mais le décor montre bien qu’il y des gravières, très nombreuses dans la Champagne genevoise. Enlever le trax ne serait ainsi pas suffisant pour naturaliser le paysage. Comme on voit le Salève en arrière-plan, ces éléments permettent de contextualiser le paysage.
Parfois l’intégration d’un élément de l’arrière-plan est volontaire.

La collision entre les deux objets volants pouvait facilement se prévoir. Le résultat final est toutefois un peu décevant. La buse manque un peu de piqué et les deux éléments de la scène ne sont pas placés de manière idéale. Tant pis. Il reste une photo en guise de clin d’oeil.